Les origines du quartier :
Au XIIIe siècle, un
certain Gérard de Bierset, chanoine de
Saint-Lambert, possède, près de l’actuelle place
des Guillemins, un manoir entouré d’eau, au
milieu de bois et de prairies.
Le château est aussi appelé « Maison de la Motte
», car il est établi sur un tertre. Dans sa
propriété, Gérard de Bierset fait construire un
asile pour prêtres âgés.
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En 1287, ce sont des religieux de l’ordre des Guillemites
( Wilhelmites ou encore Guilhelmites ) qui prennent
possession des lieux ; l'endroit devient un prieuré qui
donnera son nom au quartier : les Guillemins.
L’ordre des
Guillemites a été fondé au XIIe siècle par
Guillaume de Malavalle, canonisé depuis.
Saint Guillaume a vécu au XIIe
siècle. C’est un gentilhomme français
(probablement originaire d’Aquitaine), qui
commence, au cours d’une carrière militaire,
par une existence aventureuse et dissolue.
Touché par la Grâce, il se rend à Rome
demander pardon au pape Eugène III.
Celui-ci lui impose, comme pénitence, un
pèlerinage à Jérusalem.
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Après
un séjour de huit ans en Terre Sainte,
Guillaume décide de vivre en ermite et
se retire dans le désert de Malavalle,
sur le territoire de Sienne, en Italie
(Toscane). Tout son temps est désormais
consacré à la prière et aux exercices de
pénitence. La légende raconte même qu’il
a combattu des dragons et réalisé des
miracles.
Des disciples de plus en plus nombreux,
attirés par la sainteté de sa vie, se
mettent à partager son mode d’existence.
A sa mort en 1157, ils bâtissent un
prieuré sur son tombeau. C’est ainsi que
commence l’ordre des Guillemites,
qu'approuvera le pape Alexandre IV.
Saint Guillaume est fêté le 10 février.
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Quelques étapes de l'histoire de
ce couvent liégeois :
En
1568, les troupes de Guillaume d'Orange-Nassau passent par
Liège, où elles comptent traverser la Meuse pour fuir
l'armée du duc d'Albe traquant les calvinistes. Elles
pillent le couvent des Guillemites (tout comme d'ailleurs l'abbaye de Saint-Laurent).
Dans
la première moitié du XVIIe siècle, la principauté de
Liège est marquée par l'opposition entre Chiroux (les
partisans du pouvoir en place) et les Grignoux (les
adeptes d'un régime plus libéral). En 1649, le
prince-évêque Ferdinand de Bavière mâte l'insurrection
populaire ; des Liégeois pourchassés se réfugient dans le
couvent entouré de fossés, qu'alimentent en eau les
ruisseaux descendant du Bois l'Évêque et du bois d'Avroy,
sur les hauteurs de Cointe.
Au
début du XVIIIe siècle, le couvent des Guillemites connaît
la prospérité. Mais dès 1770, le nombre de moines
périclite, la discipline monastique se relâche, les
bâtiments se dégradent, les dettes s'accumulent au point
que l'argenterie est mise au mont-de-piété.
Une
dizaine d'années plus tard, le monastère fait place à un
pensionnat où l'on enseigne « les langues allemande,
française, latine, ainsi que tout ce qui a rapport à la
meilleure éducation, comme la musique les armes, la danse,
l'équitation, le dessin » (Gazette de Liége de l'époque).
En
1795, quand l'ex-principauté de Liège est intégrée à la
France, ces anciens bâtiments religieux sont confisqués et
vendus ; ils seront détruits au milieu du XIXe siècle au
fur et à mesure des travaux d'aménagement, dans le
quartier, d'une gare de chemin de fer.
Les débuts du chemin de fer :
Au
milieu du XIXe siècle, le quartier s'urbanise à la suite
du développement des chemins de fer.
Dès 1838, une voie ferrée relie Bruxelles à
Ans, mais les trains ne peuvent accéder à la cuvette
liégeoise à cause de la trop forte déclivité. C'est
grâce au plan incliné imaginé par l'ingénieur Henri Maus
que le problème est résolu et qu'une première gare est
construite en 1842 dans le quartier. Pour descendre, il
faut faire confiance aux freins du convoi ; pour
remonter, c'est tout un système de treuil et de câbles
qui est sollicité, exemple unique à l'époque !
Cette gare primitive (du « temporaire en bois » qui va
durer près de vingt ans) apparaît sur cette lithographie
gouachée de J-B GRATRY (1845). Cette vue montre le
quartier des Guillemins depuis Cointe ; dans la partie
gauche, on distingue la suation, le plan incliné, et
dans le lointain, l'hôpital militaire Saint-Laurent et
la basilique Saint-Martin :
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La première gare des
Guillemins au milieu du XIXe siècle, avec le
célèbre plan incliné d'Henri Maus.
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Le chantier TGV, en 2007, du
côté de la rue du Plan Incliné.
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Le plan incliné au bas du
Laveu en 1849.
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Le plan incliné (la croix)
surmonté de nos jours par une autoroute
urbaine.
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La première gare vers 1850.
Si l'on s'en réfère à l'hôtel de l'Univers,
déjà présent, elle devait se situer à la fin
du parking actuel (la flèche sur la photo
ci-contre).
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La rue du Plan Incliné en mai
2008 (à droite de la photo : l'hôtel Best
Western Univers).
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En 1863, on inaugure une gare en dur,
dans l'axe de la rue de la station, qu'on rebaptise «
rue des Guillemins » pour la circonstance. Le nouveau
bâtiment est bâti en gros blocs de pierre de France,
avec, en façade, un impressionnant vitrail et un fronton
que surmonte une imposante statue féminine symbolisant
l'industrie (la carte postale colorisée ci-dessous date
de 1915) :

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1863. Les wagons déchargent
les matériaux nécessaires à la construction
de la gare.
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La façade et son fronton sont
érigés ;
au sommet, on aperçoit l'ossature en bois
où
l'on va implanter la statue.
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La même perspective en 2008,
lors des travaux d'aménagement du quartier
liés à la construction de la gare TGV :
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La
gare des Guillemins de 1863 trouve toute sa splendeur à
l'occasion de
l'Exposition universelle de 1905 :

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Dans la
première moitié du XXe siècle.
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En octobre
2006.
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Dans la
première moitié du XXe siècle.
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En décembre
2003.
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Pendant la
Première Guerre mondiale.
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En septembre
2007.
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Déjà des
travaux dans les années 1950.
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En juin 2005.
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À la fin des années 1940 ou début 50 :
C'est
en 1958 que la gare « Belle Époque » est remplacée par un
insignifiant bâtiment dit « moderne », probablement pour
avoir l'air à la mode à l'époque où Bruxelles
s'enorgueillit de son Exposition universelle.
La
démolition en 1956 de la gare « Belle Époque » :

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La fin de la
statue qui surmontait le fronton de façade.
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Le chantier de la nouvelle gare en 1957 :

Pendant la grève générale de l'hiver 1960-61, cette
nouvelle gare est saccagée par les grévistes qui
manifestent contre la « loi unique » du gouvernement
Eyskens :

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Saccage
des quais malgré la présence de l'armée.
Les forces de gendarmerie au début de la rue du
Plan Incliné.
Ces deux photos m'ont été
aimablement fournies par Guillaume Rimbaud, de
l'Institut Liégeois d'Histoire Sociale.
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La gare remise de ses émotions au début des années 1960
:


Au milieu des années 1970 :

Vers 1978-79 (photo présentée avec l'aimable
autorisation de Monsieur André DRÈZE, auteur du livre
« Liège, 100 vues aériennes d'une ville millénaire »,
publié en 1980 à l'occasion du millième anniversaire de
la principauté de Liège) :

Début juin 2007, la gare est fermée, vouée à la
démolition :

Septembre 2007, la démolition a commencé :

En ce tout début du XXIe siècle, en effet, d'importants
travaux sont en cours pour doter l'endroit d'un tout
nouveau complexe ferroviaire. Monsieur « tout le monde »
parle d'une nouvelle gare TGV ; il s'agit en réalité d'un
ensemble à vocation mixte, destiné à la fois au service
intérieur de la SNCB et au service international à grande
vitesse.

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L'évolution du
chantier d'août 2004 à août 2007.
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Je
tiens ici à remercier Monsieur Michaël Nieves ASENSIO de
m'avoir autorisé à prendre des photos (comme celles
ci-dessus) depuis le toit de l'hôtel de l'Univers.
La gare en
juillet 2006. À l'arrière-plan, le chantier du
nouveau complexe.
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La gare
imaginée par l'architecte espagnol Santiago
Calatrava.
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Photos
aériennes du chantier, GlobalView
juillet 2006.
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quartier des Guillemins
et du chantier de la nouvelle gare.